MACHINISME AGRICOLE

MACHINISME AGRICOLE
MACHINISME AGRICOLE

Les différentes opérations nécessaires à la production agricole sont aujourd’hui de plus en plus souvent réalisées à l’aide de machines, et les problèmes techniques afférents à ces opérations sont, avec plus ou moins de réussite, progressivement résolus. Le caractère biologique de cette production représente certes un obstacle considérable à une mécanisation totale, mais les plus graves difficultés proviennent en réalité des contraintes économiques et sociales.

L’emploi de machines à grand rendement, c’est-à-dire celles qui apportent le maximum de progrès technique, implique presque toujours des changements de structures ou, au minimum, des changements de méthodes de travail et d’état d’esprit. La plupart des machines agricoles modernes sont trop chères, à la fois en investissements (ce prix excessif pouvant d’ailleurs être dû au nombre limité des unités produites ou à l’insuffisance des réseaux commerciaux des constructeurs) et en coûts de fonctionnement pour les superficies relativement modestes qui sont la règle dans de nombreux pays du monde.

La machine agricole doit, en tant que moyen de production, permettre l’augmentation de revenu des exploitants. Sur cette évidence économique viennent se greffer des considérations psychologiques: la machine est en effet un symbole de promotion sociale; ainsi, on ne trouvera plus de main-d’œuvre pour exécuter manuellement certains travaux indispensables, indépendamment de toute notion de rentabilité immédiate.

Dans d’autres cas, économiquement plus graves, la machine cesse d’être un bien de production pour devenir l’équivalent d’un bien de consommation; dans cette optique, on améliore, certes, les conditions de travail, mais on risque de mettre en cause la vie même de l’entreprise.

On entrevoit des solutions à ces problèmes liés à la mécanisation et aux structures de l’agriculture ; on peut citer par exemple la création d’emplois nouveaux dans les autres secteurs économiques, l’amélioration du remembrement, l’encouragement à la création d’associations de producteurs au niveau de l’utilisation des machines et de la commercialisation de produits, le développement de contrats à moyen et à long terme entre les producteurs et les industries de transformation. Mais tous ces moyens, difficiles à manipuler, aux implications européennes sinon mondiales, à caractère souvent politique, mettent en cause des hommes, et il ne faut pas espérer que des solutions définitives et absolument satisfaisantes soient rapidement trouvées dans les pays fortement industrialisés. Il est d’ailleurs remarquable que, dans presque tous les pays, quel que soit le régime politique, l’agriculture, qu’elle soit mécanisée ou non, est le secteur économique dans lequel on rencontre le plus de difficultés.

1. Agriculture et mécanisation agricole

Évolution historique

La mécanisation agricole n’est qu’un cas particulier du phénomène général de la mécanisation des activités humaines.

Des nombreuses définitions du terme «mécanisation» qui ont été proposées, on retiendra ici, pour des raisons de commodité, celle dont le sens est le plus général: il y a mécanisation chaque fois que l’homme utilise un objet qu’il a imaginé et fabriqué pour faciliter une de ses actions bien définie et répétitive. La mécanisation englobe donc les outils, les instruments, les mécanismes, les machines animées par des moteurs de toute nature, les machines automatiques. Chacune de ces grandes étapes de la mécanisation est apparue successivement au cours de l’évolution historique d’une technique ; cependant, dans la réalité, on constate souvent qu’elles coexistent.

Les activités de l’agriculture concernent toutes les productions, végétales et animales, dont la destination principale demeure l’alimentation humaine. Il est assez aisé de retrouver dans l’histoire de l’agriculture les différentes étapes de toute mécanisation.

L’outil , simple extension de la force musculaire humaine, domine la préhistoire et le début de la période historique: pic, bâton à fouir, faucille, meule, tamis, fléau...

L’instrument , caractérisé par le véhicule à roues, est apparu très tôt dans la période historique: chariot, araire, herse, moissonneuse gauloise. Un complément d’énergie était apporté par certains animaux.

Le mécanisme est déjà plus élaboré: les moulins à eau apparus vers le VIe siècle en Europe et les moulins à vent vers le XIe siècle faisaient appel à une énergie extérieure non animale; à partir du XVIIIe et surtout au cours du XIXe siècle, toutes les machines agricoles imaginées furent essentiellement des machines à moteur animal. Le semoir mécanique (XVIIe s.), la batteuse mécanique (XVIIIe s.), les machines à moissonner (XIXe s.) sont les principaux jalons de cette évolution.

Pourquoi cette lenteur jusqu’au XIXe siècle? Probablement parce que la meilleure et la moins chère des machines était encore l’homme lui-même.

La motorisation fit d’abord appel à la vapeur, puis aux moteurs à combustion interne. À la fin du XIXe et au début du XXe siècle, la plupart des opérations simples de l’agriculture se mécanisèrent et se motorisèrent pendant que se perfectionnaient les machines antérieurement conçues pour le travail du sol, les semis et les plantations, l’épandage des engrais et des produits de traitement, la récolte des céréales, des fourrages, des plantes industrielles, la traite mécanique, le nettoyage des étables, etc.

L’agriculture française devint totalement mécanisée et motorisée après la Seconde Guerre mondiale. La dernière étape connue de la mécanisation, l’«automatisation», s’est peu à peu introduite en agriculture. Le contrôle automatique existe depuis longtemps dans les installations de séchage, dans des portions de mécanisme de tracteurs ou d’automoteurs mais il se généralise et se perfectionne, utilisant les progrès de l’électronique.

Les fonctions réalisées sont multiples et plus ou moins complètes:

– affichage d’informations pour le conducteur (contrôle de vitesses de rotation d’arbres en mouvement, contrôle de vitesses d’avancement, mesures instantanées de charges des remorques, contrôle de descente des grains dans un tube de semoir, etc.);

– asservissements (contrôle de position et d’efforts des relevages hydrauliques, pulvérisateurs à débit proportionnel à l’avancement, guidage de machines à poser les drains, etc.);

– automatismes (liage des balles de fourrage et de paille; plantation automatique de la vigne, matériels d’irrigation, distributeurs automatiques de concentrés, etc.);

– liaison avec un micro-ordinateur polyvalent.

Il faut noter que le développement de ces nouvelles technologies s’effectue, en agriculture, avec un temps de retard et de façon plus lente que dans les autres secteurs de l’activité humaine.

Les contraintes spécifiques de l’agriculture

Plusieurs contraintes, qui s’exercent à la fois sur la production et sur les moyens de celle-ci, handicapent l’agriculture. Les quatre contraintes les plus importantes: incertitude, absence d’élasticité, lenteur, dispersion, agissent sur l’intensité et sur le rythme de la mécanisation.

Le caractère biologique de la production agricole, qui s’élabore dans un atelier lui aussi biologique, freine doublement toute tentative de mécanisation rationnelle: comment inventer et mettre en œuvre des machines perfectionnées, alors que le produit n’est pas connu avec précision et que le cycle de production est soumis à des aléas aussi énormes que ceux du climat ou des épidémies? Cette incertitude rend à peu près impossibles la répétitivité et la spécialisation qui sont les clefs de la mécanisation.

L’absence d’élasticité se manifeste surtout au niveau des produits eux-mêmes: ceux-ci satisfont à des besoins primaires qui ne sont guère extensibles au-delà d’un certain seuil. Dans les pays riches, la saturation du marché intervient très vite, ou même la surproduction, ce cancer des activités économiques. Seule l’expansion démographique peut, dans ces pays, augmenter notablement les besoins en produits agricoles. Quant aux possibilités d’accroissement de la consommation dans la part importante de l’humanité qui est mal nourrie, elles sont réelles, mais le problème est très complexe et les solutions passent probablement par l’évolution technique et économique des pays sous-développés concernés.

L’atelier biologique fait sentir sa contrainte au niveau du rythme de production. Les différents produits végétaux demandent une saison pour être élaborés, bien davantage s’il s’agit d’exploitation forestière. De nombreux produits animaux réclament plusieurs années avant d’être commercialisables. D’autre part, la production est discontinue dans une même année: il faut mécaniser les opérations de la récolte avec des engins qui finalement tournent quelques dizaines d’heures, quelques centaines d’heures par an dans les cas très favorables.

Enfin, si l’on considère plus spécialement la production végétale, son support actuel, qui reste la terre dans la quasi-totalité des cas, entraîne deux conséquences principales:

– La dispersion dans l’espace: la plupart des machines devront être mobiles en tout terrain et, fonctionnant à l’extérieur, seront soumises aux intempéries. Les problèmes de transport des produits élaborés et des résidus seront particulièrement importants et délicats.

– La dispersion dans le temps: les cultures doivent généralement se succéder en une rotation déterminée par des impératifs agronomiques. La monoproduction, impossible ou dangereuse, est un obstacle supplémentaire à la spécialisation des matériels dans une entreprise.

Ces contraintes rendent difficile l’application à l’agriculture des techniques de mécanisation utilisées dans l’industrie, et aléatoire toute planification. Aujourd’hui, les économistes agricoles s’efforcent de codifier le facteur risque; c’est pourquoi les techniques de recherche opérationnelle commencent à être appliquées en agriculture.

Néanmoins, depuis les années cinquante, la gestion technique et économique des exploitations agricoles est facilitée par l’utilisation de programmes informatiques, dont certains prennent en compte le facteur risque. Les programmes, bien utilisés, peuvent contribuer à orienter plus rationnellement les décisions d’équipement. On s’oriente aujourd’hui vers un regroupement des utilisateurs agricoles dont les besions sont proches et qui peuvent utiliser un même programme. On envisage une autre extension au niveau de la télématique, c’est-à-dire de l’utilisation des bases et des banques de données en agriculture.

2. Problèmes économiques et sociaux

Les conséquences de la mécanisation de l’agriculture sont, en dernière analyse, à peu près les mêmes que dans les autres domaines de l’activité économique, mais certaines d’entre elles sont accentuées ou atténuées en raison du caractère particulier de la production agricole.

La modernisation, facteur de progrès

L’accroissement de productivité dû à la mécanisation est très net en agriculture, du moins si l’on prend des points de repère éloignés dans le temps.

En 1862, avant la motorisation, les terres labourables représentaient 50 p. 100 du territoire français: en 1982, elles n’en représentaient plus que 28 p. 100. La productivité de la terre s’est donc considérablement accrue, puisque, sur des surfaces plus faibles, on produit globalement beaucoup plus: il faut nourrir mieux (augmentation du niveau de vie) un plus grand nombre de consommateurs (augmentation de la population). Cet accroissement de la productivité de la terre, résultat du progrès agronomique (sélection, fertilisation, protection des cultures...), a été rendu possible par l’évolution des équipements. Seuls, en effet, les matériels modernes permettent de mettre en œuvre les progrès de l’agronomie et d’en profiter pleinement.

Quant à la productivité du travail, la mécanisation l’a fait croître dans des proportions étonnantes. En France, la population active agricole, qui constituait 51 p. 100 de la population active totale en 1862, n’en constituait plus que 17 p. 100 en 1968 et 2 p. 100 en 1990: seule la machine permet à moins de travailleurs de produire plus dans des délais réduits. D’après J. Fourastié, la productivité quantitative de l’heure effective de travail s’est trouvée, en un siècle, multipliée par 6,3 dans l’agriculture et par 7,7 dans l’industrie. D’autres calculs montrent qu’entre 1860 et 1970 la productivité du travail exprimée en valeur, à francs constants, a été multipliée par 3,4 dans l’agriculture, par 14 dans l’industrie et par 9 dans le secteur tertiaire.

En outre, la mécanisation de l’agriculture a souvent augmenté la qualité du produit, donc le rendement en valeur par une meilleure qualité du travail: par exemple, par un semis mécanique à profondeur et à espacement constants, ou encore par une plus grande rapidité d’intervention permettant de profiter au maximum de conditions climatiques favorables (travail du sol lorsque l’humidité de la terre est optimale).

L’amélioration des conditions de travail se manifeste au niveau de la fatigue physique. La fatigue est plus faible par unité de temps, ou bien le temps passé est moins long pour un effort égal et pour une même production, ou encore la production est plus forte pour une dépense d’énergie identique, ce qui, dans ce dernier cas, ne coïncide pas forcément avec une amélioration des conditions de travail. Cette amélioration, liée à l’accroissement de la productivité, peut déboucher sur l’accession des agriculteurs à la civilisation des loisirs.

Signalons aussi des améliorations qualitatives des conditions de travail: certains travaux (nettoyage des locaux d’élevage, épandage des déjections animales, etc.) perdent leur caractère pénible s’ils sont mécanisés.

L’agriculteur, libéré de certaines contrain-tes physiques du travail purement manuel, a davantage de temps à consacrer aux tâches plus intellectuelles de comptabilité, de gestion, de commercialisation. Il se comporte enfin comme un chef d’entreprise. Ce nouvel aspect du travail des agriculteurs est également un facteur de progrès. L’organisation rationnelle des chantiers, la réflexion économique sérieuse sont désormais des conditions sine qua non de la réussite d’une entreprise agricole. Ces démarches sont imposées, entre autres, par l’utilisation des gros matériels modernes qui correspondent, en définitive, à une substitution du travail par du capital. Ce phénomène, accentué encore par la nécessaire spécialisation des entreprises et des matériels, pousse de plus en plus l’agriculture vers une sorte d’industrialisation.

Inconvénients et déséquilibres

L’industrialisation de l’agriculture n’est pas sans poser de graves problèmes économiques et sociaux.

Les équipements agricoles coûteux, les contraintes spécifiques rendent délicate pour des producteurs agricoles la maîtrise de l’économie de leur entreprise. Des investissements importants, à la limite de la rentabilité, expliquent d’ailleurs l’endettement croissant des agriculteurs.

Comme toute machine, les matériels agricoles ont une vie limitée, bien qu’ils soient utilisés de façon très discontinue dans une année. Cette faible utilisation allonge les périodes d’amortissement. Le matériel agricole est donc soumis, plus que tout autre, au phénomène du vieillissement technique, et les agriculteurs s’essouflent souvent à courir après le progrès technique.

Le caractère aléatoire de la production agricole oblige à concevoir et à utiliser des machines assez peu spécialisées pour s’adapter aux circonstances. Cette polyvalence n’est pas un facteur de réussite: c’est aller à contre-courant du progrès mécanique que de s’entêter à vouloir des machines à tout faire, agissant sur des produits mal définis. La tendance inverse pousse évidemment à la spécialisation des productions et des entreprises, à la normalisation des plantes par la sélection génétique, de façon que la machine puisse jouer avec le minimum de pertes son rôle aveugle, en particulier au moment de la récolte. Il faut parfois accepter des taux de pertes plus élevés qu’en récolte manuelle ou être moins exigeant sur la qualité gustative du produit. Plus exactement, on doit se résoudre à payer fort cher les produits de luxe faisant exclusivement appel à la maind’œuvre. Ainsi, dans l’état actuel des techniques, la production d’animaux de boucherie de qualité supérieure est coûteuse, car peu mécanisable.

La spécialisation excessive des ouvriers, très nette dans certaines industries, est moins marquée, pour le moment, dans l’agriculture. En revanche, une spécialisation partielle des entreprises agricoles semble inéluctable. Elle est déjà fortement amorcée aux États-Unis et en Angleterre. La petite exploitation de polyculture-élevage, que l’on trouve encore en France, en Allemagne et dans maints autres pays, paraît condamnée à plus ou moins brève échéance, sauf si on la maintient artificiellement en vie pour des raisons sentimentales ou esthétiques. À la lumière de l’évolution constatée aux États-Unis, on peut penser qu’en Europe aussi on s’achemine vers la spécialisation des ateliers végétaux et animaux; l’élevage bovin et ovin pourrait bien évoluer, en se mécanisant totalement, vers de véritables usines de transformation (sur le modèle des élevages industriels de volailles et de porcs), s’approvisionnant en matières premières – les aliments du bétail – dans des ateliers de production végétale totalement indépendants et eux-mêmes spécialisés.

Les inconvénients sanitaires pour les utilisateurs des machines ne sont pas, dans l’ensemble, plus accentués en agriculture que dans les autres domaines. Seule la dispersion des efforts et la variété des produits manipulés (produits chimiques, mécanismes mal protégés, locaux mal conditionnés, animaux aux réactions imprévisibles...) sont des sources supplémentaires de dangers. Par contre, le travailleur agricole est encore préservé de l’uniformisation du geste et de l’abrutissement qui menacent certains ouvriers d’usine travaillant à la chaîne. Néanmoins, le conducteur de tracteur est touché par des maladies professionnelles (non reconnues comme telles dans de nombreux pays) résultant d’une présence prolongée sur des engins circulant sur tout terrain avec un confort insuffisant (maladies de la colonne vertébrale, troubles auditifs...).

L’augmentation des puissances est une arme à double tranchant. Avantage évident lorsqu’elle permet de s’affranchir partiellement du climat, c’est-à-dire de faire le maximum de travail quand les conditions sont favorables (jours réellement «disponibles» pour effectuer un travail donné), la «surpuissance» peut avoir des conséquences nuisibles. Par exemple, il peut s’avérer désastreux de travailler le sol ou des récoltes en conditions trop humides; on tasse le sol de façon animale, et les opérations sur des cultures ultérieures, ou la culture elle-même, peuvent se trouver compromises et cela pendant de nombreuses années si le sol est de texture fragile. Autrefois, le manque de puissance disponible limitait les risques de ce type.

Enfin, certains considèrent comme un inconvénient le fait que la mécanisation accélère le processus d’évolution des structures agricoles: l’utilisation de matériels puissants, coûteux en investissement et en frais de fonctionnement, pousse évidemment vers l’accroissement de la dimension des entreprises individuelles (option «capitaliste») ou vers l’utilisation en commun des moyens de production, machines et terres (option «socialiste»), ou encore vers une ingénieuse combinaison des deux options. Dans tous ces cas, la mécanisation passe par une augmentation de la taille des exploitations agricoles et par une réduction du nombre des producteurs. Il est indéniable que ces évolutions de structures, constatées dans toutes les agricultures des pays développés et liées au phénomène de mécanisation, posent des problèmes graves aux agriculteurs et aux dirigeants de ces pays (plan Mansholt).

Géographie de la mécanisation agricole

Le niveau de mécanisation de l’agriculture d’un pays est difficile à apprécier. Mais, à part l’obstacle matériel de la non-homogénéité ou de l’absence totale de statistiques dans un pays donné, la différence des structures agricoles rend les comparaisons bien hasardeuses. Quelle commune mesure trouver entre une exploitation agro-industrielle de 100 000 hectares aux États-Unis et une petite exploitation intensive et spécialisée aux Pays-Bas ou au Danemark? Le seul étalon de mesure, bien imparfait, dont on dispose consiste à établir le rapport entre le nombre de tracteurs agricoles en service à une date donnée et la surface agricole utile dans un même pays.

Le tableau 1 donne quelques chiffres. Les tracteurs et les moissonneuses-batteuses représentent environ la moitié de la valeur de l’ensemble des matériels agricoles en service. Par comparaison avec les autres pays de l’Union européenne, la France emploie moins de tracteurs que ses voisins, Grande-Bretagne exceptée. Mais les puissances installées sont probablement plus fortes. La différence des équipements en moissonneuses-batteuses est plus difficile à interpréter, dans la mesure où les délais d’exécution de la récolte varient selon les climats.

Des statistiques récentes (tabl. 2) permettent de situer le niveau de motorisation de certains autres pays du monde. Il faut noter (sommet maximal en 1975) que la France, avec un tracteur ou plus par exploitation, est bien équipée par rapport aux autres pays industrialisés.

3. État actuel des techniques

La mécanisation atteint toutes les branches de la production agricole, mais son intensité est très variable: des secteurs semblent stabilisés depuis quelques années (récolte des céréales, semis, protection des végétaux), d’autres sont en pleine transformation (travail du sol, récolte et conservation des fourrages), d’autres encore sont à l’aube de la mécanisation (récolte des fruits et légumes, certaines opérations d’élevage).

Il est impossible de passer en revue la mécanisation de toutes les opérations effectuées en agriculture; on se bornera à quelques secteurs essentiels, et à quelques faits saillants dans chacun de ceux-ci, en mettant l’accent sur les changements récents.

Le tracteur agricole

Le tracteur a conquis le monde rural. Il n’est plus question de cultiver la terre sans tracteur, sauf pour de très rares exceptions qui s’apparentent au jardinage ou à la culture en serres. Le parc français est passé de 95 000 unités en 1948 à 1 209 000 en 1985. Tous les pays européens ont connu des progressions analogues.

Sur le plan technique, le tracteur agricole est muni d’un moteur fonctionnant selon le cycle diesel, préférable en usage agricole pour des raisons techniques (rendement acceptable aux faibles charges), mais surtout pour des raisons économiques et même fiscales: le carburant consommé est moins cher, ce qui compense largement le coût légèrement inférieur d’un moteur à essence de même puissance nominale. La demande des tracteurs de forte puissance a considérablement augmenté depuis le début de la motorisation. Le tracteur moyen vendu chaque année est passé de 25 chevaux (18 kW) en 1956, à 40 (29 kW) en 1968 et 75 (55 kW) en 1980. Actuellement, les puissances de 90 kW (122 chevaux) sont de plus en plus demandés en grosses exploitations. Les tracteurs à roues arrière motrices sont peu à peu supplantés, surtout au-dessus de 60 kW (81,5 chevaux), par des tracteurs à deux ponts moteurs, qui conservent néanmoins des roues avant motrices de diamètre plus faible que les roues arrière. Seuls les hauts de gamme (plus de 110 kW) ont couramment des roues motrices d’égal diamètre à l’avant et à l’arrière.

Les chenillards ne sont guère utilisés en France, sauf pour la viticulture de coteaux. Ils restent en usage en Italie et dans les pays de l’Est. Les efforts techniques ont porté sur trois points principaux: l’amélioration des transmissions (changement de vitesse en charge); l’utilisation généralisée de l’huile sous pression pour relever, contrôler les outils, animer des récepteurs divers; la recherche d’un meilleur confort de conduite (sièges amortis, visibilité, facilités de commande, conditionnement des cabines, etc.). Dans ce dernier domaine, des perfectionnements sont encore possibles mais le prix limite leur diffusion.

L’évolution du tracteur agricole est conditionnée par celle des techniques culturales. Plus précisément, la puissance et le poids des engins futurs sont en grande partie déterminés par les techniques de travail du sol. De même, le développement de matériels automoteurs spécialisés a une incidence certaine sur la conception du tracteur agricole de l’avenir.

Le travail du sol

Rien de plus simple, apparemment, que le travail du sol. L’araire et la herse sont connues depuis l’Antiquité. Cependant, c’est l’un des domaines dans lesquels la technique a le plus évolué ces dernières années, au point que l’emploi de la charrue elle-même est aujourd’hui contesté.

Les recherches se poursuivent dans deux directions qui répondent au double impératif de limiter le nombre de passages de tracteur et de conserver la structure du sol: la «non-culture», c’est-à-dire le semis direct en terre non préparée après une destruction de la végétation adventice, grâce à des désherbants totaux sans rémanence se décomposant rapidement au contact du sol, puis un contrôle du développement de cette végétation par d’autres désherbants sélectifs: le «travail minimum» du sol (minimum tillage ), c’est-à-dire la préparation du lit de semence par un grattage très superficiel, ou par un travail partiel de la surface du terrain, uniquement sur la ligne de semis, en faisant ou non un labour préalable.

Enfin, l’accroissement de la puissance des tracteurs a permis de généraliser l’emploi d’outils à pièces travaillantes entraînées par la prise de force, donc plus agressives vis-à-vis du sol, ce qui va aussi dans le sens de la réduction du nombre de passages pour un objectif donné, mais ce qui introduit aussi des risques de dégradation de la structure du sol.

Fertilisation et protection phytosanitaire

La fertilisation et la protection phytosanitaire consistent à épandre un produit, généralement un produit chimique, dans ou sur le sol, autour de la plante ou sur la plante, soit pour nourrir, soit pour protéger cette plante. Ces opérations peuvent s’effectuer à l’aide de machines qui distribuent un produit tout en parcourant la totalité de la surface ensemencée. La forme et les propriétés du produit conditionnent donc l’évolution de matériels épandeurs.

Jusqu’en 1957, les seuls engrais chimiques pratiquement utilisés en Europe avaient la forme solide, pulvérulente ou granulée. Vingt ans plus tard, l’usage des formes liquides ou gazeuses se répand de plus en plus. La forme solide granulée pratiquée par épandage est souvent remplacée dans certains pays par la forme liquide par pulvérisation (pour l’azote) ou par la forme gazeuse (ammoniac).

La fertilisation organique sous forme de fumier, mélange de pailles et de déjections, est une opération que, du point de vue mécanique, l’on peut considérer comme techniquement résolue par les appareils à fond mouvant et à hérissons rotatifs disperseurs. La technique du «lisier», mélange de bouses, de purin et d’eau, facilite la manutention et l’épandage en fluidifiant le produit, mais remet en cause toute l’installation de l’étable ou de la porcherie, car elle nécessite l’aménagement de caniveaux, de grilles, de fosses, l’achat de pompes, etc.; l’investissement global devient alors très important et une telle technique intéresse avant tout les grandes unités d’élevage.

Dans certaines régions, la suppression de l’élevage (et donc l’absence de fumier) a conduit les agriculteurs à enfouir les pailles après broyage, afin de maintenir le taux humide des sols. Ainsi, de nouveaux matériels ont permis la mise en œuvre de nouvelles techniques agronomiques.

Malgré la multiplicité des produits phytosanitaires, la matière active étant d’ailleurs souvent la même dans deux produits de nom commercial différent, la technique des matériels de pulvérisation de liquides semble stabilisée. C’est surtout le développement des engrais liquides et l’apparition de nouveaux désherbants qui a provoqué une évolution des appareils, amenant l’utilisation de matières plastiques synthétiques (chlorure de polyvinyle, nylon...) et, dans une moindre mesure, d’acier inoxydable, et le perfectionnement des pompes et des circuits à basse pression pour les engrais liquides.

Dans certains traitements phytosanitaires, pour le mildiou de la vigne par exemple, on diminue au maximum la quantité de liquide épandue à l’hectare en utilisant la pulvérisation pneumatique (traitements dit «à bas volume hectare»). Bien entendu, la matière active reste la même, ce qui implique une très grande précision dans l’emploi.

Les traitements aériens, et même les épandages d’engrais par avion, très courants aux États-Unis et en Europe de l’Est, sont relativement rares dans des pays, comme la France, dont les structures un peu étriquées sont mal adaptées à ce moyen moderne. L’avion (ou l’hélicoptère) présente l’avantage énorme, par rapport aux machines agricoles, de ne pas avoir à se déplacer sur des terrains de faible adhérence.

Les associations d’outils

Depuis quelques années, aux États-Unis et dans certains pays de l’Est, on adopte une nouvelle méthode consistant à associer plusieurs instruments agricoles dans le but de travailler avec des rendements très élevés, rapidement et sur de grandes largeurs. Cette technique, qui a l’avantage de grouper plusieurs opérations pour un seul passage de la machine, se répand en Europe. Elle est liée à l’accroissement de puissance des tracteurs et à l’utilisation rationnelle de cette puissance. La puissance d’un tracteur agricole de plus de 100 chevaux n’est bien utilisée pour le travail du sol, par exemple, que si ce tracteur avance relativement vite (10 à 12 km/h) et s’il tire plusieurs outils de grande largeur, du type outils à dents. C’est une des raisons qui font remettre en cause aujourd’hui le traditionnel labour à la charrue.

On combine ainsi couramment plusieurs instruments de travail du sol (par exemple un cultivateur à dents vibrantes, une herse à dents rigides et une herse rotative); un appareil de reprise de labours et un épandeur d’engrais solides ou liquides; un épandeur d’engrais, un distributeur de désherbant ou d’insecticide et un semoir de précision (implantation du maïs par exemple); un appareil de travail du sol à outils animés par la prise de force du tracteur et un semoir à grains. On retrouve ici les techniques de travail minimum du sol déjà citées. Si l’on groupe au maximum les instruments, toutes les opérations sont faites en un seul passage de tracteur, le sol n’étant travaillé que sur une bande étroite. Mais la machine nécessaire devient alors très complexe.

4. Vers des chaînes de production

Les opérations de récolte de tous les produits peu fragiles sont désormais mécanisées. D’une façon générale, une seule machine ne peut pas assurer toutes les opérations de récolte. Cependant, on réussit parfois à grouper sur un même ensemble automoteur un grand nombre d’opérations simples (moissonneuse-batteuse). Mais il ne suffit pas de considérer seulement la récolte, il faut envisager toute la chaîne de matériels et d’équipements mécanisant les opérations, depuis le champ jusqu’au lieu de stockage ou de vente, ou, dans le cas de l’élevage, jusqu’à la distribution aux animaux. On ne sépare plus la récolte de la conservation ou de la commercialisation. En fait, une «chaîne» de matériels commence dès le semis pour une culture donnée. Tous les matériels d’une même chaîne doivent s’articuler harmonieusement tant au point de vue du débit ou de la largeur de travail qu’à celui de la qualité de ce travail. Dans la pratique, cette harmonie complète est rarement réalisée. Souvent, les difficultés apparaissent aux points de jonction des maillons de la chaîne.

Céréales

En ce qui concerne les céréales, la technique a pratiquement cessé d’évoluer à partir du moment où l’on a admis qu’il fallait récolter le plus rapidement possible un grain en vrac dont on améliore ultérieurement la propreté si c’est nécessaire, la paille étant considérée comme un sous-produit. La solution technique actuelle est la moissonneuse-batteuse. Toutes ces machines se ressemblent, quelle que soit leur marque: elles sont pour la plupart automotrices et ont une grande largeur de coupe (jusqu’à 4,5 m dans l’ouest de l’Europe, davantage en ex-U.R.S.S. et aux États-Unis). La mécanique étant au point, c’est l’organisation rationnelle du chantier qui maintenant importe le plus, ainsi que la coordination entre la récolte proprement dite et la vente ou le préstockage. Plus précisément, la récolte des céréales ordinaires (blé, orge, avoine et surtout maïs) est rigoureusement liée aux conditions de séchage des grains. Cette évolution technique de la récolte a certainement influencé le choix des assolements dans de nombreuses régions: on cultive de préférence ce qui se récolte facilement à la moissonneuse-batteuse. En outre, cette évolution a incité les petites et moyennes exploitations à faire appel à l’entreprise de moissonnage-battage ou à constituer des coopératives pour l’utilisation du matériel nécessaire pour effectuer les moissons, et les grosses exploitations à s’équiper en installations de conservation (séchoirs à air chaud, principalement pour le maïs) et en cellules de stockage. Mais, grâce à l’accroissement des équipements collectifs de collecte des grains, le séchage à la ferme est désormais fréquent et une part importante des récoltes est directement livrée à l’organisme stockeur.

Fourrages

La récolte et la conservation des fourrages sont loin d’être aussi bien résolues mécaniquement. Il existe une multiplicité de chaînes possibles, avec de nombreuses variantes et des installations importantes. On en vient à regretter que les ruminants consomment des fourrages ! La méthode traditionnelle, calquée sur les opérations manuelles, utilisant les éléments naturels (vent et soleil) pour conduire à un produit stable, le foin, demeure très courante malgré ses nombreux inconvénients: dépendance climatique, pertes très importantes en quantité et en qualité, main-d’œuvre encore nécessaire, etc. Les faucheuses et les ramasseuses-presses restent partout des appareils plus répandus que les ensileuses mobiles.

La «voie sèche» aboutissant au foin, produit stable contenant moins de 16 p. 100 d’eau, peut être qualitativement améliorée par le «postséchage», qui consiste à souffler de l’air généralement réchauffé de quelques degrés à travers une masse de fourrage incomplètement séché au champ et disposé sur une aire ou dans une tour de séchage.

La «voie humide» aboutissant à l’ensilage, produit stabilisé par orientation des fermentations (on recherche la fermentation lactique anaérobie), permet de réduire les pertes dans certains cas et de s’affranchir partiellement des aléas climatiques. La machine de base est l’ensileuse que l’on déplace sur le champ directement, soit sur de l’herbe qui vient d’être fauchée et qu’elle conditionne en menus fragments, soit sur de l’herbe légèrement séchée par un «préfanage». Le produit est ensuite stocké dans un silo que l’on souhaite le plus étanche possible. La technique est assez délicate à bien mettre en œuvre. Les silos à fourrage sont en France de type horizontal. La masse de fourrage frais, finement haché, est tassée dans un couloir aux parois bétonnées, ou en bois, puis recouverte d’une bâche en matière plastique. La fermentation lactique s’installe alors de façon préférentielle et le produit est stabilisé, par acidification, pour plusieurs mois. Il est ultérieurement repris et distribué aux animaux, manuellement ou mécaniquement. Dans certains élevages, les animaux viennent s’alimenter eux-mêmes en libre-service. Les silos étanches métalliques ou en béton qui existent en Amérique du Nord ne se sont pas développés en France pour des raison économiques (coût excessif de la construction).

Enfin, la «déshydratation», qui consiste à descendre très rapidement le taux d’humidité du produit à moins de 10 p. 100 grâce à des fours industriels, est une méthode de conservation intéressante pour réduire les pertes mais énergétiquement coûteuse. Elle n’est plus guère utilisée que pour la luzerne, au niveau industriel (cultures sous contrat).

Plantes sarclées

En ce qui concerne les betteraves à sucre, on s’est, en France, orienté vers la récolte en «chantier décomposé». Chaque opération élémentaire (effeuillage, décolletage, arrachage, nettoyage, chargement) est effectuée par une seule machine travaillant sur une grande largeur (six rangs au moins). Dans d’autres pays européens (Belgique, Allemagne), on s’est plutôt dirigé vers la machine unique, combinée, travaillant sur un seul rang. On peut noter qu’en France et aux États-Unis on tend à combiner sur un tracteur de très forte puissance, ou sur un même ensemble automoteur, les machines simples à trois ou à six rangs.

Les pommes de terre se récoltent aussi mécaniquement, mais l’opération est délicate; il faut, en effet, éviter de blesser les tubercules, il faut trier les pommes de terre et éliminer les cailloux, soit au champ, soit à la ferme. La mécanisation n’est donc généralement pas complète. On se contente d’un arrachage mécanique, le ramassage-triage étant fait à la main; même si la machine à un ou deux rangs est ramasseuse, les ouvriers portés par cette machine effectuent au champ un début de triage. Le bon fonctionnement de ces matériels demande des terres assez légères et peu caillouteuses.

Fruits et légumes

Un des derniers problèmes mécaniques à résoudre en production végétale est celui de la récolte des fruits et des légumes. La grosse difficulté vient de ce que les produits à récolter sont souvent fragiles et ont parfois une maturité échelonnée dans le temps. Pour le moment, les seules solutions techniquement au point concernent les produits destinés à la conserverie ou à la consommation immédiate.

Les machines récolteuses ne diffèrent souvent que par leur système cueilleur adapté au produit; certains chercheurs anglo-saxons envisagent de créer une «machine universelle» de récolte des fruits et des légumes sur tiges basses. Les récolteuses de haricots verts, par exemple, donnent satisfaction pour certaines variétés peu fragiles (dites «mange-tout») destinées à la conserverie. Il existe, de même, des ramasseuses-batteuses automotrices pour récolter les petits pois de conserve. Les pois secs se récoltent très facilement avec des moissonneuses-batteuses à peine modifiées.

Pour les légumes à maturité échelonnée (tomates, asperges, choux-fleurs), la mise au point de prototypes est en cours, aux États-Unis et en Italie en particulier. Les solutions techniques de ces récoltes difficiles ne sont pas entièrement mécaniques: la plante aussi doit «s’adapter» aux machines et des recherches génétiques et agronomiques sont poursuivies dans ce sens. Il faut parfois accepter des pertes importantes, voire une modification de la qualité du produit, donc du goût du consommateur, pour arriver à mécaniser la récolte de certaines cultures. Il est par exemple relativement facile de mécaniser la récolte des asperges sous forme d’«asperge verte», ce qui est fait assez fréquemment aux États-Unis; malheureusement, ce type d’asperge n’est pas apprécié par le consommateur européen. En fait, comme toujours, la mécanisation ne se développera dans ces domaines difficiles que lorsque le coût de la main-d’œuvre augmentera dans de larges proportions.

Les problèmes sont de même nature pour la récolte des fruits: les solutions techniques sont en vue, mais leur mise en œuvre courante demande encore un effort considérable de recherche. En viticulture, par exemple, la mécanisation totale de la récolte fut plus difficile à mettre au point car le raisin est un produit fragile; la mécanisation partielle de la manutention dans la vigne a apporté une réduction notable de la main-d’œuvre, fort appréciée dans les vignobles de grande surface. La machine à vendanger avec un système de secouage latéral s’est diffusée depuis 1975, une des contraintes est la protection des ceps et l’intégrité des baies.

La mécanisation de l’élevage s’est beaucoup développée depuis 1970 environ, en Europe, on a pu diminuer le travail manuel dans les élevages, même bovins, cette mécanisation s’établit lentement et partiellement.

Dans les élevages purement industriels, volailles ou porcs, la mécanisation presque totale existe aux États-Unis et dans de nombreux pays européens. Toutefois, pour les élevages bovins et ovins, on s’est heurté à des difficultés. Certes, de nombreuses solutions techniques ont été mises au point pour l’alimentation des animaux, pour le nettoyage. Et la traite des vaches laitières est mécanisée depuis bien longtemps. Néanmoins, en France, en 1970, il n’y avait guère plus de 16 machines à traire pour 100 vaches, tandis qu’aux Pays-Bas on en comptait 40 pour 100 vaches. Dans la pratique, le développement des solutions techniquement existantes a été limité pour des raisons économiques: investissements élevés, coûts de fonctionnement, structure des élevages (l’effectif moyen des étables françaises était inférieur à 10 animaux en 1970, alors qu’il dépassait largement 25 en Grande-Bretagne).

Mécanisation de l’élevage

Plus lente à se développer que la mécanisation de la production végétale, la mécanisation de l’élevage s’est mise peu à peu en place en Europe. Ce développement est lié aux dimensions des entreprises d’élevages industriels de porcs et de volailles, les élevages bovins ou ovins français étaient de dimension trop faible pour supporter économiquement une mécanisation poussée: en 1980, l’effectif moyen des troupeaux laitiers était inférieur à 20, il est de 25 en 1990. Pour la traite, la mécanisation est la règle: la majorité d’éleveurs français utilise une machine à traire; on évalue à plus de un million d’unités de traite en service. Pour les autres opérations de production, les solutions techniques existent (nettoyage, distribution de l’alimentation), mais elles sont réservées aux élevages importants: or, moins de 1 p. 100 des éleveurs français ont plus de 100 laitières. Dans les très grosses unités laitières, des systèmes très perfectionnés sont mis en œuvre, en particulier pour la distribution automatique des aliments concentrés: il existe des systèmes à microprocesseurs qui distribuent à chaque animal, de façon individualisée, la ration que l’éleveur choisit de programmer et qui fournit journellement la liste des animaux qui n’ont pas consommé la ration prévue et qu’il faut surveiller sur le plan sanitaire. Pour la traite, on envisage de remplacer la machine par un robot. Ces systèmes sont un moyen très efficace de gestion technique des grosses unités.

Signalons enfin que, dans le domaine de la production animale, comme dans celui de la mécanisation de l’élevage, la conception et le choix des machines sont inséparables de la conception et de l’aménagement des bâtiments d’élevage.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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